Par L'Essentiel
“Écrire et dessiner sont identiques dans leur fond” disait Paul Klee.
Si les lecteurs de Manciet sont familiers des dessins qui illustrent une dizaine de ses recueils, pareil ensemble n’a jamais été réuni, où se déploie l’éventail des différentes “manières” de l’auteur : croquis pris sur le vif au crayon, nus académiques à la sanguine, à la craie, à l’encre sépia, portraits en larges touches à la peinture, abstractions calligraphiques à l’encre de Chine façon Soulages, architectures, paysages ou bouquets à l’aquarelle ou à la gouache, mêlées de rugby ou extraordinaires tauromachies en rouge et noir de Per El Yiyo, ou noir et bleu de Rachou en hommage au torero et à l’écarteur, morts dans l’arène.
Manciet dessinait au fil de la plume et des instants, “au petit bonheur la chance” disait-il, se fiant à son clin d’oeil rapide. Une désinvolture élégante qui caractérise son trait et une volupté qui en fertilise le sens. Fruit d’une pratique quasi quotidienne – Bernard Manciet a dû produire plusieurs centaines de dessins en un quart de siècle – elle est pétrie d’émotions et de souvenirs personnels. Cette oeuvre graphique raconte aussi une histoire. Celle de liens familiaux, amicaux, intellectuels avec celles et ceux à qui elle était offerte et qui en sont devenus les dépositaires. On leur saura gré d’avoir fait resurgir cette source jaillissante de quelques cent-cinquante oeuvres issues de diverses collections dont celle de la Ville d’Anglet.
Visuel haut : à gauche, Bernard Manciet, Sans titre, 1978, 27,5 x 18,8 cm. Encre de Chine sur papier, collection Ville d’Anglet, fonds Marcadé. À droite, Bernard Manciet, Autoportrait, 1981, 21 x 29,7 cm. Encre de Chine sur papier, collection Pèire Venzac.